Attention à ceux qui auraient baissé la garde suite à la programmation souvent pop de la Fondation Cartier : l’exposition Les Trésors du Vaudou nous propulse dans un univers radicalement différent de celui de la BD, des cinéastes touche-à-tout Takeshi Kitano et David Lynch, ou du rock’n’roll période années 50-60.
Avec un titre pareil, « Vaudou », on aurait pu imaginer une expo balayant les continents (de l’Afrique noire, berceau de cette croyance, aux Caraïbes et aux Amériques), les époques (de l’âge d’or de l’esclavage et du commerce triangulaire à la période contemporaine), et les cultures (des croyances religieuses originelles aux réinterprétations opérées par la culture pop : films, livres, séries…). Voire même, pourquoi pas, un peu de Monsieur Charles ou de Mamadou Voyant.
Eh bien non.
Il faut retourner aux origines pour bien comprendre la nature de cette exposition, et à la personne de Jacques Kerchache. Collectionneur d’art, passionné d’anthropologie, il aurait été l’inventeur de l’expression « arts premiers ». Il a joué un rôle important dans la connaissance des arts africains, et fut consulté par Jacques Chirac lors du lancement du Musée des Arts et civilisations non occidentales du Quai Branly. Décédé en 2001, il ne verra jamais le projet achevé.
Jacques Kerchache était soutenu depuis de longues années par la Fondation Cartier. Lorsqu’il décède en 2001, son grand rêve (exposer sa collection privée) reste inachevé. Dix ans après sa mort, la Fondation Cartier entreprend de réaliser ce rêve afin de lui rendre hommage.
Résultat : l’expo, constituée de statues et statuettes vaudou ayant appartenu à Jacques Kerchache, est relativement peu fournie en pièces (environ quatre-vingt en tout) et se visite assez rapidement. Le point de vue adopté est très précis : il s’agit de mettre en scène le vaudou originel, soit une région comprenant le Bénin et une partie du Togo (à l’ouest) et du Nigeria (à l’est). En plus des statues, exposées au sous-sol et au rez-de-chaussée, des films documentaires, notes et ouvrages réalisés par Jacques Kerchache sont présentés au public.
Verdict ? Les pièces sont puissantes et valent le détour. Les explications sont un peu lacunaires : un livret propose quelques éclairages sur la collection Kerchache, sur les principaux types de statuettes et leur fonction, mais l’ensemble reste un peu léger.
Le parti-pris est finalement assez proche de l’expo Dogon au Quai Branly : des pièces de très grande qualité, une mise en scène sobre et sérieuse, un peu raide et scientifique. Mais Vaudou souffre en comparaison de sa moindre richesse : peu de pièces présentées, assez peu diverses.
Bref, l’expo vaut le détour, ne serait-ce que pour l’authenticité et la qualité des pièces, mais il faut l’envisager pour ce qu’elle est : pas un point de vue ou une rétrospective complète, plutôt la chance qui nous est donnée de jeter un coup d’œil sur une collection privée, qu’à ce titre bien peu auront vue.
Et pour la culture pop ou le vaudou de Barbès, on repassera…
Exposition Les Trésors du Vaudou : Fondation Cartier, Paris, du 5 avril au 25 septembre 2011.
Information pratiques et renseignements sur le site de la Fondation Cartier.
Les flyers de marabouts africains en lien dans l’article sont issus du site Mégabambou (Marabouts de Papier) qui en possède une collection gratinée.
3 réponses à “Exposition « Les Trésors du Vaudou », Fondation Cartier, Paris, du 5 avril au 25 septembre 2011”
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[…] et plus spécifiquement du Bénin, de la collection de Jacques Kerchache. L’article du site Morning Meeting le dit très bien : « Avec un titre pareil, Vaudou, on aurait pu imaginer une expo balayant les […]
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