‘The Vortex Vault’ series (Andrew Liles) : je vois un disque et je veux le peindre en noir…


Andrew Liles (crédits photo indisponibles)

…c’est ce qu’a fait Andrew Liles.  Avec, d’ailleurs, non pas un, mais bien douze albums sortis en un an, le premier de chaque mois, de 2006 à 2007, sur le label Beta-lactam Ring Records. Douze albums, tous baptisés Black ‘quelque chose’ et formant ensemble la série The Vortex Vault. Dans l’ordre à peu près : Black Paper, Black Beauty, Black Hole, Black Mamba, Black Market, Black Out, Black Panther, Black Pool, Black Sea, Black Sheep, Black Widow, et, bien entendu, un Black End très approprié pour clore la série.

Andrew Liles est un artiste britannique qui compose et produit de la musique, principalement électronique et/ou expérimentale, depuis le milieu des années 80, sous son nom propre ou en tant que producteur ou collaborateur. Il travaille notamment, ou a travaillé, avec des artistes établis dans la sphère underground/expérimentale tels que David Tibet de Current 93, Steven Stapleton de  Nurse With Wound ou Edward Ka-Spel des Legendary Pink Dots. Son style est souvent décrit comme minimaliste, surréaliste et hypnotique. Très éclectique, il peut également apparaître très sombre, voire sinistre, ou au contraire humoristique, absurde et décalé.

La liste de ses albums solos ou en collaboration est vertigineuse. Pourquoi alors mentionner la série  Vortex Vault plutôt que d’autres compositions ? Parce qu’il réussit à éviter l’écueil principal de bien des projets ambitieux de la veine électronique/ambient : la répétition, les morceaux qui n’en finissent plus de ne pas finir, l’effet « tapisserie auditive » au détriment de la profondeur et de la qualité…

Avec cette série de douze albums, Andrew Liles a réussit un vrai tour de force dans ce domaine : réconcilier quantité et qualité, éclectisme et cohérence. Et ce, tant dans la musique elle-même que dans sa présentation : les illustrations d’albums, en ombres chinoises, très soignées, la déclinaison des titres d’albums, la fantaisie dans les titres de morceaux…

On navigue, d’un album à l’autre, et souvent au sein d’un même album, entre minimalisme électronique, guitares, flûtes et harpes samplées, choeurs et chants d’opéra remixés, spoken words en anglais, japonais, français et ce qui semble être du flamand, et probablement plein d’autres langues ou instruments que je suis bien en peine d’identifier… Le matériau original de ces enregistrements provient à la fois de ses archives sonores (retravaillées pour l’occasion) et de collaborations adhoc avec d’autres pointures de la scène expérimentale : écrivains, musiciens, compositeurs, chanteurs…

Parmi mes morceaux et albums préférés (cliquez sur les liens pour écouter les titres sur Deezer) :

  • The Jean-Michel and Vangelis Taboo Liaison (sur Black Market) : comme son nom l’indique, un morceau minimaliste et cheap qui sonne comme la rencontre de Jean-Michel Jarre et Vangelis sur Pro Tools ou Cubase,
  • Bon Jovi Systematically Destroyed the Values of Heavy Rock (sur Black Panther) : rien que pour le titre, déjà, qui se suffit à lui-même…,
  • A Moon Full to the Brim With Badness (sur Black Panther également, peut-être le meilleur album de la série) : une réinterprétation sombre et dépouillée du classique Bad Moon Rising du Credence Clearwater Revival, mais assez méconnaissable à la première écoute. Les paroles, traduites en français, sont récitées par une chanteuse manifestement britannique (accent irrésistible), tandis que l’accompagnement musical country et groovy de l’original est ici remplacé par le son envoûtant d’une flûte qui ajoute une touche médiévale ou japonisante,
  • Blue Mango (sur Black Pool) : une sorte de morceau de cabaret foutraque, aux voix haut perchées et au piano entêtant, comme si une troupe de nains sortis tout droit d’un film de David Lynch improvisait de longues tirades surréalistes décousues, déclamées sur des boucles rudimentaires de piano, de percussions et d’instruments à vent,
  • God Doesn’t Fuck About (sur Black Widow) : une muzzak très groovy et seventies à sa façon, ponctuée d’une très brève stridence bruitiste dans les toutes dernières secondes,
  • …et bien d’autres encore, il y en a plus d’une centaine à découvrir, de toutes natures et de toutes durées (de quelques dizaines de secondes à quelques dizaines de minutes) !

A noter que Andrew Liles et Steven Stapleton seront en concert, aux côtés de Boubacar Traoré, le 31 octobre 2009 au Centre Pompidou à Paris, dans le cadre du In Famous Carousel. Renseignements et horaire sur le site du Centre Pompidou.

Site web de l’artiste : http://www.andrewliles.com/

Page Myspace de la série The Vortex Vault : http://www.myspace.com/vortexvault

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