Après avoir créé du buzz sur le net depuis une semaine (à base de détournements de films phares hollywoodiens commis par de vrais-faux sympathisants), Libertas, le mouvement sous lequel Philippe de Villiers et Frédéric Nihous se lancent dans la course aux élections européennes, se prépare à sillonner la France à bord d’un bus de campagne. Le journal Metro de ce matin consacre un petit encadré à cette nouvelle, titré « Européennes : Villiers prend le bus ».
Un bus pas vraiment racailles. Frédéric Nihous, s’il est moins connu que Villiers, n’est pas un novice complet en matière d’élections puisqu’il s’est présenté aux dernières présidentielles. Les deux hommes, qui se sont donc affrontés en 2007, font cette fois-ci front commun. Ce qui n’est pas surprenant, puisque le Mouvement Pour la France de Philippe de Villiers et le mouvement Chasse, Pêche, Nature et Tradition de Nihous se rejoignent quelque part, là-bas, à droite.
Leur plateforme est à l’image de celles de leurs mouvements respectifs : souverainiste et conservatrice, voire franchement anti-libérale. L’un des objectifs de la tournée du bus est notamment d’amener les volontaires « à se rende sur les se rendre sur les sites industriels qui délocalisent et les zones agricoles sacrifiées par l’Europe de Bruxelles au nom du libre échangisme, et promouvoir les produits français menacés d’être asseptisés par la Commission européenne ». C’est on ne peut plus clair.
Au « nom » de quoi, déjà ? En revanche, n’y a-t-il pas contradiction entre le nom de la liste (Libertas) et sa volonté de se battre pour une Europe « plus protectrice » (Metro) ? N’est-ce pas un peu surprenant de la part du dirigeant MPF ?
En réalité, Libertas est un mouvement fondé par Declan Ganley, un homme d’affaires irlandais, eurosceptique, entré en politique à l’occasion du référendum sur le Traité de Lisbonne. Avec le succès que l’on sait, puisque le traité fut rejeté en juin 2008 par plus de 53% des Irlandais.
Selon un portrait dressé à l’époque par Claude Askolovitch dans Le Nouvel Obs, Declan Ganley ambitionne depuis longtemps de lancer « un parti populiste paneuropéen », avec « des listes eurocritiques dans tous les pays de l’Union ».
L’alliance de la carpe et du lapin. C’est chose faite. Mais pour quel résultat ? Pour Claude Askolovitch, Ganley défend une vision d’un monde contemporain « dérégulé, déstructuré et offert à ceux qui osent ». En quoi cette posture ultralibérale, et raccord avec l’étiquette Libertas, s’applique-t-elle aux idées plutôt conservatrices et protectionnistes d’un Villiers et d’un Nihous ?
On dira que l’euroscepticisme rassemble, et que cela suffit peut-être. Ou que ces nouveaux conservateurs, peut-être postmodernes à leur corps défendant, tentent la synthèse des contraires dans un monde « dérégulé, déstructuré », etc. C’est bien connu, les (neo)cons, ça « ose » tout…