Un mastaba, c’est un monument funéraire de l’Égypte ancienne. On y mettait des pharaons morts et autres dignitaires du régime.
Plus près de nous, le Mastaba est aussi le surnom d’une maison entièrement conçue et réalisée par l’artiste Jean-Pierre Raynaud, à la fin des années 1980, dans la commune de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine). Jean-Pierre Raynaud en a fait pendant près de deux décennies un lieu atypique, à l’utilisation polyvalente : en partie maison (il y a habité un temps avec sa femme, à la fin des années 1990), en partie atelier, en partie lieu d’exposition.
Racheté par la ville de La Garenne-Colombes en 2006, le lieu est ouvert au public depuis septembre 2009, sous le nom de Mastaba 1-La Garenne-Colombes. Pourquoi Mastaba ‘1’ ? Il n’y en a pas d’autre à l’heure actuelle, pas même en projet. Mais le fait de numéroter laisse entrouverte la possibilité d’une série…
La curieuse architecture du lieu (aussi curieuse à l’intérieur qu’à l’extérieur) a été conservée en l’état, ou presque : le revêtement de carreaux de faïences cheap sur les façades (de celui on carrèle les WC publics), le blanc immaculé recouvrant tout, du sol au plafond, à l’intérieur de la demeure, le peu de mobilier, les espaces intérieurs décloisonnées, la verrière qui surplombe la pièce principale…
Un mastaba se doit d’être hanté par un défunt. Le plus curieux dans la maison de La Garenne-Colombes, c’est peut-être cette absence de fantôme : l’artiste est vivant, âgé certes, mais pas tant que ça, et surtout, toujours actif du côté de Barbizon notamment. Il y a encore beaucoup de vide dans ce mastaba-là, ce qui crée une impression curieuse, de présence qui ne parviendrait pas à se matérialiser complètement. C’est peut-être simplement ce qui arrive, fatalement, quand on essaie de muséifier un artiste de son vivant, même avec son accord… ?
Pourtant, les quelques œuvres et clichés exposés intriguent. On y trouve des pots de fleurs à profusion, marotte de l’artiste et survivance de sa formation initiale d’horticulteur (les Parisiens se souviendront peut-être de son Pot Doré exposé pendant dix ans sur le parvis du Centre Pompidou, avant d’être transféré en 2009 au dernier étage, près du restaurant le Georges). Des pots de peinture, aussi, aux couleurs qui claquent (bleu, rouge, jaune et vert vifs). Des projets autour de drapeaux aux couleurs éclatantes là-aussi, et aux sous-entendus politiques (France d’abord, puis Corée du Nord et du Sud, etc.). Ou encore, manifestation la plus intense de l’artiste en ces lieux, ces portraits où il se met en scène avec les fameuses toiles-drapeaux, ou cette affiche de son exposition personnelle au MAMAC de Nice, et son regard bleu perçant et déterminé… (voir image en tête de cet article).
Un lieu un peu à l’écart de la branchitude parisienne (c’est-à-dire, de Paris intramuros), accueillant pourtant les travaux d’un artiste important, c’est toujours une bonne nouvelle. Reste à souhaiter que la programmation culturelle (des visites, conférences, lectures sont organisées périodiquement sur le site, avec pour thème l’œuvre de Jean-Pierre Raynaud, mais pas seulement) et la fréquentation du lieu trouvent finalement leur rythme de croisière.
Voici pour terminer une courte vidéo officielle (environ 2 minutes) qui donne un assez bon aperçu de l’endroit :
A visiter : Le Mastaba 1 – La Garenne-Colombes, 10 avenue Rhin-et-Danube, 92250 La Garenne-Colombes. Ouvert tous les week-ends et jours fériés de 14h à 18h. Entrée libre.
Informations pratiques et actualités sur le site web www.mastaba.fr.