« Exactitudes » : je ne suis pas tout à fait un numéro, plutôt un dress-code…


Exactitudes (r)

Exactitudes est un collectif néerlandais rassemblant artistes photographes et sociologues autour d’un projet de reconstitution photographique de « tribus » urbaines. Le projet existe depuis une quinzaine d’années. Les membres du collectifs sillonnent la planète (Pays-Bas, Brésil, Royaume-Uni, France, USA…) et prennent des clichés de personnes repérées dans la rue pour leur tenue vestimentaire, à la manière des chasseurs de looks ou face hunters.

Le résultat est assez vertigineux, par le nombre de tribus déjà documentées (112 au printemps 2008), mais aussi par l’impact visuel de ces clichés.

La façon la plus immédiate de les appréhender est d’évoquer la notion de clonage. Un angle d’approche finalement tellement évident qu’il ne nous dit pas grand chose de la fascination qu’exercent ces images. J’en tire juste la réflexion que le clonage, encore bien souvent refoulé comme un fantasme « science-fictif  » à combattre, est en réalité déjà bien présent dans nos sociétés. Et qu’il est peut-être même infiniment plus banal et acceptable que ce que sa version diabolisée laisse supposer…

Mais le véritable enseignement à mes yeux n’est pas tant dans le résultat de ces photographies que dans le principe à la base de leur réalisation. Dans une interview donnée au magazine Télérama en octobre 2008, les membres du collectif déclarent qu’environ « 50 à 80 % des gens sont habillés n’importe comment », et que « ce sont les autres qui (les) intéressent« . Précisément, ce que ces face hunters vont chasser, ce sont les 50 à 20% restants : ceux qui se construisent un style, investissent du temps, de l’affect, beaucoup d’argent parfois, pour se « différencier ».

Or, le travail d’Exactitudes tendrait à prouver exactement l’inverse : plus on se donne de mal pour être différent, plus on s’expose à devenir le clone d’un autre…

La différenciation et l’individualité, ici, ne peuvent donc pas se jouer au niveau des individus eux-mêmes, mais doivent nécessairement passer par le groupe – la tribu vestimentaire.

Résumons. Si vous faites partie des 50 à 80% qui ne travaillent pas leur apparence, vous n’êtes même pas un clone, mais êtes-vous… plus qu’un clone (vous échappez au clonage tribal) ? Ou moins qu’un clone (vous êtes tout simplement invisible) ? En revanche, si vous faites partie des 50 à 20% restants, quelles que soient vos outrances (corps bodybuildé, crâne rasé et nattes, crêtes d’iroquois…), vous ne ferez que vous rapprocher d’un ou de plusieurs de vos voisins.

Ces photos de famille ne sont donc à pas regarder une à une, mais une contre une, ou plutôt une contre les autres : et là seulement, la « différence » se refait sentir… à notre grand soulagement ?

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Une réponse à “« Exactitudes » : je ne suis pas tout à fait un numéro, plutôt un dress-code…”

  1. c’st justement cette société clonée dans tous les sens qui fait que l’individu est exhacerbé et que notre société est matérialiste et individualiste
    rester soi même sans autrement rechercher à se ressembler sur soi même alors je le préconise non par narcissisme mais par idéal de bien être et de pouvoir se tourner vers l’autre sans retenue de nos différences.
    que nous sommes tristes ainsi bouffi d’orgueil dans notre clonage artificiel

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