Grève aujourd’hui, qui touche notamment les transports. Frappe préventive : je reste chez moi et travaille à distance.
Vu hier dans le 66 Minutes d’Aïda Touihri un reportage sur les effets de la crise financière sur les Français et notamment l’emploi. Un premier doute m’assaille : pourquoi suivre presque exclusivement, dans le reportage, des salariés certes en situation difficile (chômage partiel, contraction des revenus du foyer et difficulté à boucler les fins de mois) mais détenant des mandats syndicaux, et donc (relativement) protégés par rapport à leurs collègues ? On voit ainsi l’un des protagonistes, ouvrier à Sandouville chez Renault, et délégué syndical, aller réconforter une collègue qui, à bientôt 50 ans, vient de recevoir un courrier de son employeur qui lui laisse le choix entre une mobilité à 300 kilomètres de là ou un licenciement. Une situation extrême à laquelle le délégué syndical, de par son statut protégé, a comparativement moins de chances d’être confronté.
Quelques minutes plus tard, le reportage prend un tour vraiment bizarre. Une mère de famille divorcée, elle aussi syndiquée, et faisant face à de réelles difficultés financières, se rend chez un conseiller emploi pour discuter de son projet personnel pour mettre fin à ces difficultés. Elle envisage de s’expatrier en Thaïlande afin d’y créer son entreprise. Une délégué syndicale qui souhaite quitter la France et devenir patron, soit. Rien de bien choquant là-dedans. Mais lorsqu’elle ajoute pour s’en réjouir, devant son conseiller et la caméra de M6, que là-bas la vie est plus facile pour les entrepreneurs, et que notamment, voyez-vous mon bon monsieur, « il n’y a pas de syndicats », on croit rêver. C’est avouer en creux que détenir un mandat syndical en France, ce n’est pas tant se mettre au service des autres et défendre l’intérêt commun des salariés, que s’accaparer un statut enviable et protégé avec tous les avantages qui en découlent – et devenir par là-même un obstacle pour l’employeur, obstacle inexistant dans ce pays de cocagne qu’est la Thaïlande… Bref notre déléguée syndicale récupère à son profit, et sans la moindre prise de distance, les pires poncifs véhiculés par le patronat français ! Dommage d’ailleurs que le journaliste de M6, trop souvent cantonné à un rôle d’observateur passif, ne relève pas l’énormité de la chose. Comprenons-nous bien : je ne brocarde pas les syndicats et les syndicalistes, bien au contraire. Je déplore qu’ils n’aient pas les moyens, la reconnaissance, la réputation et la confiance nécessaires pour jouer pleinement leur rôle de défenseurs des salariés et de partenaires sociaux crédibles. Une crédibilité que ce genre d’exemple ne peut que contribuer à faire fléchir…
Misère de l’action syndicale, quand « La lutte finale » devient « l’hallu finale »…
(N.B. : l’émission n’est pas encore en ligne sur le site de M6, j’écris donc d’après mes souvenirs tout frais de la veille au soir. Dès qu’elle sera en ligne, j’irai visionner à nouveau les passages cités ci-dessus pour vérifier chaque détail de ce que je rapporte).
3 réponses à “C’est l’hallu finale…”
Voilà une entrée en matière aussi fracassante que prometteuse. Longue vie au morning meeting meeting, je prends ma place au chôrei.
Dômo arigatô ! Je m’enorgueillis de ta présence…
[…] “Crise : ceux qui payent déjà la facture !”. Et, ô surprise, revoici notre syndicaliste patronale appelée à témoigner indirectement face au Président par la magie du magnéto ! Petite […]