Tiens, quelle ironie : artiste vénézuélien de naissance, Carlos Cruz-Diez vit et travaille essentiellement à… Paris depuis 1960 ! Le Centre Pompidou, à 2mn en Vélib’ du bureau, lui a rendu hommage de nombreuses fois, et il m’aura fallu un déplacement à Buenos Aires pour le boulot pour faire connaissance avec son œuvre…
Autre hasard amusant, Carlos Cruz-Diez a débuté dans la pub, devenant notamment directeur de création chez McCann-Erickson au Venezuela, avant de pouvoir se consacrer uniquement à l’art.
Son travail artistique, justement, est assez facile à situer. Il se rattache au mouvement « cinétique » ou de « l’art optique » (« Op-Art »), auquel on rattache notamment un certain Victor Vasarely – autre artiste étranger ayant vécu en France, mais davantage célèbre dans notre pays. On retrouve ainsi chez Carlos Cruz-Diez le jeu de couleurs, de figures géométriques créant une impression de profondeur ou de mouvement, mais le résultat paraît infiniment plus poétique et intemporel que celui de Vasarely. Ou peut-être est-ce le revers d’avoir vu trop longtemps exposées les œuvres du Hongrois au dos des panneaux JC Decaux étant enfant ?
Cela dit, comme Vasarely, Cruz-Diez franchit très rapidement le pas qui sépare ses canevas des grands projets de design urbain. Stations hydroélectriques, silos à grains, palissades, paquebot… : la rétrospective itinérante montée à Houston et hébergée en ce moment au MALBA (Musée d’art latino-américain) présente, dans ses dernières salles, quelques maquettes et réalisations filmées.
Mais le gros de l’exposition est consacré avant tout à ses recherches picturales. On est tout de suite saisi par les tableaux de sa série Fisicromías (Physicromies) : extraordinaires et pourtant toutes bêtes explosions de couleurs en 3D, peintes à même la toile, ou assemblées à partir de petites baguettes de carton peintes, de balsa, de lamelles de PVC translucide teint dans la masse, etc. Réalisations tellement fascinantes à l’œil qu’en voir une reproduction sur Internet est forcément décevant, je n’essaierai même pas… Je ne sais pas si c’est le steak de bœuf argentin et son verre de Malbec qui m’ont fait cet effet, mais cet après-midi là, je suis resté scotché de longues minutes durant devant chacun des tableaux…
En observant le détail des couleurs et le chatoiement des illusions optiques, je ne pouvais m’empêcher de repenser à La couleur tombée du ciel, un des premiers récits hallucinés de H.P. Lovecraft, où il est question d’une couleur qui n’existe pas sur terre. Bien sûr, chez Lovecraft, les implications en sont sinistres, mais en ce qui concerne Carlos Cruz-Diez, il s’agit sans doute de relever un des plus grands défis qui soient : « inventer une couleur qui n’existe pas… »
Exposition « El color en el espacio y en el tiempo » : MALBA, Buenos Aires, du 21 septembre 2011 au 5 mars 2012.
Information pratiques et renseignements sur le site du MALBA (en anglais). Plus d’informations sur Carlos Cruz-Diez sur son site web officiel.
2 réponses à “La couleur, l’espace et le temps : Carlos Cruz-Diez au MALBA, Buenos Aires, Argentine, du 21 septembre 2011 au 5 mars 2012”
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