Dur métier que celui qui fait que la visite de cette expo m’a été payée par mon employeur, sur mon temps de travail… Il fallait au moins cela, et le fait que je me trouvais à Boulogne pour le boulot justement, pour me faire visiter cette exposition où je ne me serais peut-être pas rendu de moi-même. D’ailleurs, pourquoi la ville de Boulogne-Billancourt a-t-elle choisi d’exposer Bardot ? Parce qu’elles partagent toutes les deux les « Initials B.B. », on dirait. Ne pas chercher plus loin…
L’exposition elle-même est extrêmement riche en objets, tableaux, iconographie, et ne serait-ce que pour cela, ça vaut le coup d’y passer au moins une heure. La scénographie est bonne, la plongée dans les années 50 et 60 parfaitement orchestrée (rappel de l’arrière-plan politique, social, culturel de l’époque). L’impasse est totale sur la Bardot des années 70 et au-delà, à l’exception d’une ultime salle consacrée à son engagement en faveur des animaux… Une salle qu’on sent placée là par la volonté de la Fondation Brigitte Bardot, car en fait d’exposition, on y voit de grands panneaux faisant la promotion de la Fondation et de son action, mais rien qui aie réellement sa place dans un musée ou une galerie.
Quant au sujet lui-même… Je suis d’une génération pour laquelle Brigitte Bardot, c’est autant – voire davantage – une femme d’un certain âge, à l’engagement parfois douteux, qu’un sex-symbol de classe incomparable. Alors, oui, l’exposition fait bien son boulot, puisqu’elle rétablit la balance.
J’y ai découvert de grands pans du mythe Bardot. Tout d’abord, le fait qu’elle soit bien née et de bonne famille (curieusement, cela modifie ma perception du personnage). Ensuite, il faut bien avouer qu’elle a une plastique et un naturel irréprochables, disons jusqu’en 1973, date à laquelle elle met un terme à sa carrière d’actrice (à l’approche de la quarantaine, y voir peut-être davantage qu’une coïncidence). Enfin, l’équation est totale, limpide, entre Brigitte Bardot elle-même, ce qu’elle véhicule (pas tant l’insouciance que le désir, d’ailleurs), et l’époque, placée là comme en miroir : la société de consommation et des loisirs, elle-même mue par le désir… D’ailleurs, l’exposition n’en fait pas des tonnes dans l’hagiographie : on n’essaie pas de nous vendre une Bardot talentueuse, mais juste désarmante de naturel (elle tourne ses meilleurs scènes en une prise, etc.). Jamais on n’aura aussi bien senti un personnage plaqué sur une époque, et vice-versa.
On sort de cette expo avec une certitude et quelques états d’âme. Certitude qu’une Ségolène Royale peut bien tenter de préempter le mot « désir » en politique, elle en sera toujours séparée par un abîme d’une profondeur abyssale. États d’âme, car la légende (à la dorure, certes, reconstituée, et pour cela un peu fausse) des fifties et des sixties véhiculée par cette exposition est si impressionnante (au sens qu’elle impressionne vraiment les sens), qu’on se demande un peu ce qu’on fout là, dans ces années 00 et 10, avec la retraite de nos vieux à payer, sans garantie de pouvoir un jour nous-même la prendre, cette retraite, avec les déficits, les crises diverses et variées, les Kerviel et les Madoff, non, décidément, l’insouciance, le désir, tout ça, c’est pas gagné…
Brigitte Bardot : les années « insouciance », Espace Landowski, Boulogne-Billancourt, du 29 septembre 2009 au 31 janvier 2010, prolongée jusqu’au 7 mars 2010. Informations et renseignements pratiques sur le site web de l’exposition.
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